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Les règles de circulation doivent protéger les piétons

Les modifications des règles de circulation prévues par le Conseil fédéral en 2019 péjoreraient notablement les conditions de déplacement à pied. Il s’agit d’une part de l’augmentation de l’âge auquel il est autorisé de rouler à vélo sur les trottoirs à 12 ans, et d’autre part de l’autorisation de tourner à droite au feu rouge pour les cyclistes. Mobilité piétonne Suisse s’oppose clairement à ces deux modifications qui diminueraient la sécurité, le confort et l’attractivité des déplacements à pied.

A vélo sur le trottoir jusqu’à 12 ans : c’est trop
Il est essentiel que les jeunes enfants puissent se familiariser avec le vélo dans des contextes sûrs. Toutefois, les personnes‚ âgées ou en situation de handicap visuel et les parents accompagnés de petits enfants ne sont pas en mesure, ou fortement gênés, s’ils doivent gérer la présence d’autres usagers sur le trottoir. Marcher sur le trottoir sans devoir se soucier devrait être un droit pour tous les piétons. Or, l’adaptation des règles de circulation détériorerait considérablement la sécurité et le sentiment de sécurité des piétons.
Il est possible depuis 1998 d’autoriser de rouler à vélo sur les trottoirs sur certains tronçons et dans certaines conditions, notamment pour permettre de se rendre à l’école. Cette disposition est suffisante pour assurer lorsque c’est nécessaire la sécurité des jeunes enfants encore peu à l’aise dans le trafic à vélo. Ouvrir la circulation des cycles sur les trottoirs pour les enfants et les jeunes jusqu’à 12 ans de manière générale n’est de ce point de vue-là pas nécessaire. Mobilité piétonne Suisse propose pour cette raison que l’âge maximum pour rouler à vélo sur les trottoirs soit fixé à 8 ans. Au-delà, les conditions routières doivent être adaptées pour permettre aux enfants de circuler sur la chaussée.

Plus d’inconvénients que d’avantages en autorisant les cycles à tourner à droite au rouge
Il peut être frustrant à vélo de devoir attendre à un carrefour à feux pour tourner à droite. Mais souvent, des piétons traversent à ce moment à la droite des cyclistes. Lorsque que cela n’est pas conflictuel, il est aujourd’hui déjà possible d’autoriser les vélos à tourner à droite au feu rouge, en plaçant un feu spécialement pour les vélos. Différentes communes ont mis en œuvre ce type d’infrastructures qui ont l’avantage de pouvoir être installées uniquement là où cela n’engendre pas de conflits avec les piétons. En revanche, supprimer l’obligation de s’arrêter au feu rouge pour les vélos en indiquant une flèche sur un panneau contredit le principe même du feu rouge et amenuise la validité des règles de circulation.

Les documents en consultation sont disponibles sur
www.admin.ch/ch/f/gg/pc/pendent.html

Télécharger le modèle de prise de position de Mobilité piétonne Suisse (en allemand)


Informations supplémentaires et arguments

1.            Autoriser les enfants à vélo sur les trottoirs jusqu’à 12 ans

Il est essentiel que les jeunes enfants puissent se familiariser avec le vélo dans des contextes sûrs. Toutefois, les personnes‚ âgées ou en situation de handicap visuel et les parents accompagnés de petits enfants ne sont pas en mesure, ou fortement gênés, s’ils doivent gérer la présence d’autres usagers sur le trottoir. Marcher sur le trottoir sans devoir se soucier devrait être un droit pour tous les piétons. Or, l’adaptation des règles de circulation détériorerait considérablement la sécurité et le sentiment de sécurité des piétons.
Il est possible depuis 1998 d’autoriser de rouler à vélo sur les trottoirs sur certains tronçons et dans certaines conditions, notamment pour permettre de se rendre à l’école. Cette disposition est suffisante pour assurer lorsque c’est nécessaire la sécurité des jeunes enfants encore peu à l’aise dans le trafic à vélo. Ouvrir la circulation des cycles sur les trottoirs pour les enfants et les jeunes jusqu’à 12 ans de manière générale n’est de ce point de vue-là pas nécessaire. Mobilité piétonne Suisse propose pour cette raison que l’âge maximum pour rouler à vélo sur les trottoirs soit fixé à 8 ans. Au-delà, les conditions routières doivent être adaptées pour permettre aux enfants de circuler sur la chaussée.

Situation actuelle
La réglementation permet aujourd’hui aux enfants en âge préscolaire de rouler à vélo sur le trottoir. Elle doit être mise à jour, puisque l’âge de la scolarité obligatoire a été redéfini, avec pour effet d’abaisser l’âge jusqu’auquel les enfants peuvent utiliser le trottoir à vélo. Jusqu’à présent, l’âge préscolaire était interprété comme moins de 6 ans. Mobilité piétonne Suisse s’accorde sur le besoin de pouvoir rouler sur le trottoir pour les enfants de moins de 8 ans. Nous considérons en revanche pour les raisons suivantes que l’autorisation jusqu’à 12 ans n’est pas acceptable :

Le trottoir est l’espace des piétons
Conformément à l’art. 43 LSR, le trottoir est réservé aux piétons. Les cycles doivent rouler sur les trottoirs ou les infrastructures cyclables. Les écarts à ce principe doivent rester exceptionnels et la nouvelle réglementation ne doit pas s’effectuer au détriment des piétons.

Un faux sentiment de sécurité
Les modifications sont prévues dans le but d’augmenter la sécurité des usagers. Or, chaque vélo circulant sur le trottoir met potentiellement en danger les piétons, y compris les enfants à pied. Rouler à vélo sur le trottoir en localité est en outre dangereux à plus d’un titre pour les jeunes cyclistes en raison des nombreuses entrées de maison et sorties de parking. Il est aussi particulièrement risqué de circuler sur le trottoir dans le sens inverse de la circulation automobile, lorsqu’on arrive au carrefour. Enfin, les trottoirs de moins de 2,5m de large sont inappropriés à la circulation des cycles. En Suisse, une grande partie des trottoirs ne mesure que 2m de large, voire moins. Plus il y a de cyclistes autorisés à y circuler, plus le risque de conflits et d’accidents graves augmente. Et même en étant plus larges, des conflits peuvent survenir lors du croisement avec des piétons ou d’autres cyclistes sur les trottoirs.

Un âge limite clairement trop élevé
En cas de collision, deux facteurs jouent un rôle prépondérant : le poids et la vitesse. Plus les jeunes cyclistes sont âgés, plus ces deux paramètres augmentent, et avec eux la gravité des accidents. Jusqu’à l’âge de 8 ans, les enfants roulent généralement encore assez lentement à vélo pour pouvoir circuler sur le trottoir sans surprendre les autres usagers. Les éventuelles

collisions avec les piétons sont pour cette raison en principe encore peu graves. A l’âge de 12 ans, les jeunes mesurent déjà entre 145 cm et 160cm de haut et s’approchent donc de la taille des adultes. Avec une vitesse moyenne de 18.7 km/h, les jeunes de 12 ans constituent le deuxième groupe de cyclistes les plus rapides, selon des études [1].Ill.1. Vitesse de circulation moyenne des cyclistes en fonction de la classe d’âge [1] 

Comportement de groupe
Lorsque des enfants plus âgés roulent à vélo sur le trottoir, ils mettent également en danger les enfants à pied plus jeunes. A la sortie de l’école, les enfants se mettent en route par petits groupes sur le trottoir. La présence d’autres enfants à vélo sur la même surface est alors particulièrement risquée. Il faut également tenir compte qu’il est probable que des personnes âgées renoncent à sortir de chez elles à certaines heures, par peur de croiser des groupes d’enfants circulant vite sur le trottoir.

Report des solutions aux problèmes de sécurité
En créant une alternative pour les enfants et les jeunes sur le trottoir, on court le risque de reporter les mesures de sécurisation des itinéraires pour tous les cyclistes, pourtant indispensables, à plus tard. Cette modification ponctuelle de la législation pourrait donc avoir un effet contreproductif pour la promotion du vélo en général. Des mesures simples et peu couteuses, comme la mise à 30km/h des rues de quartier, sécurisent par exemple la circulation des cycles, et des piétons, sans mettre en danger ces derniers sur le seul espace où ils n’ont pas à gérer de situation complexe.

Préserver le sens des règles de circulation
Le trottoir est réservé aux piétons, c’est le principe de base. En l’affaiblissant, les règles deviennent floues et on peut s’attendre à ce qu’un nombre croissant de cyclistes plus âgés roulent sur le trottoir plutôt que sur la chaussée, en ignorant qu’ils n’y sont pas autorisés.

Une perte pour l’éduction routière des enfants
Pour apprendre à se comporter correctement à vélo dans le trafic, il est indispensable de s’exercer, dans un contexte adéquat, mais sur la route. C’est donc la chaussée qui doit être adaptée à la présence de cyclistes dès 8 ans, pour leur permettre d’acquérir progressivement l’expérience nécessaire.

2.           Tourner à droite au rouge pour les cyclistes

Il est aujourd’hui déjà possible d’autoriser les vélos à tourner à droite au feu rouge, en plaçant un feu spécialement pour les vélos. Différentes communes ont mis en œuvre ce type d’infrastructures qui ont l’avantage de pouvoir être installées uniquement là où cela n’engendre pas de conflits avec les piétons.

Ill. 2. Un feu séparé spécifique pour les cyclistes leur permet de tourner à droite lorsque le feu est rouge pour les voitures (Ex. Baden).

Eviter des règles peu claires
Supprimer l’obligation de s’arrêter au feu rouge pour les vélos en indiquant une flèche sur un panneau contredit le principe même du feu rouge et amenuise la validité des règles de circulation.

Une perte de sécurité pour les piétons
Les piétons ne s’attendent pas à ce que des vélos arrivent alors que le feu est vert pour eux. Cette nouvelle réglementation crée une catégorie supplémentaire de «conflit au tournant», lorsque le feu est vert pour les piétons.

Impossibilité à appliquer les règles dans la pratique
Il est probable que les cyclistes interprètent l’autorisation de tourner à droite au feu comme valable de manière générale, indépendamment de la présence d’une flèche. Cela crée de nouveaux problèmes de sécurité, tant pour les cyclistes eux-mêmes que pour les piétons.

On ouvre une brèche – L’exception risque de devenir la règle
Les petites motos et les motos vont certainement également souhaiter bénéficier de cette modification. Il faut craindre que cela s’instaure dans les habitudes et s’attendre à des interventions parlementaires qui demandent l’assouplissement de la règle également pour les motards. Or des études menées en Allemagne montrent que l’autorisation de tourner à droite au feu pour les véhicules à moteur conduit à davantage de conflits et de collisions.

[1]  Source: Schopf, J. M., 1985. Bewegungsabläufe, Dimensionierung und Qualitätsstandards für Fußgänger, Radfahrer und Kraftfahrzeugverkehr. Dissertation. TU

 

11.12.2018

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Association des piétons
1000 Lausanne

Tél. 043 488 40 30

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