Place aux enfants !

Quelle place ont les enfants dans la ville ?

27/05/2025

C’était la question au cœur des conférences organisées par notre groupe régional genevois dans le cadre du festival Explore Demain. Le constat préoccupant de la disparition des enfants de l’espace public invite à interroger la manière d’aménager la ville et la place donnée aux enfants dans les processus de planification.

De nombreux facteurs expliquent la disparition progressive des enfants des rues

À commencer par l’ « automobilisation » de la société, qui a profondément transformé la perception et notre relation à la ville. L’espace donné aujourd’hui à la voiture reflète et matérialise les valeurs de notre société : à savoir une place dominante accordée à la voiture au détriment d’autres usages et usager·ères.

La dépendance à la technologie (internet, réseaux sociaux, jeu en ligne) ainsi que la perception d’une ville moins sûre (anxiété parentale, risque zéro) a engendré une génération d’ « enfants d’intérieur » (L. Karsten & W. Van Vliet, 2006). Selon une étude menée en 2016 en Suisse par Pro Juventute, les enfants passaient 3-4 heures par jour à jouer à l’extérieur dans les années 1960, contre moins d’une heure aujourd’hui. Or, de nombreuses études montrent que la santé des enfants est davantage menacée à l’intérieur qu’à l’extérieur : inactivité physique, isolement social, troubles de l’apprentissage en lien avec une trop forte exposition aux écrans, etc.

Impressions

La ville comme terrain de jeu et d’apprentissage

Face à ces constats, il s’agit de questionner la place de la ville dans la vie d’un enfant. Quels sont les besoins auxquels la ville doit répondre ? Et comment les professionnel·les de l’aménagement peuvent-ils y contribuer ? La ville doit permettre aux enfants de se développer de manière autonome, notamment par la pratique du jeu libre. Pour son développement cognitif, moteur et physique,  psychique et social, l’enfant a besoin de jouer, d’expérimenter, de socialiser, de gagner en autonomie, etc. L’environnement dans lequel il évolue est fondamental, notamment dans les premières années de sa vie. Au vu de ces besoins spécifiques, divers moyens peuvent être mis en place pour favoriser la place des enfants dans la ville. L’espace public urbain doit être aménagé à hauteur d’enfant, offrir suffisamment de cheminements et trottoirs, permettre l’attente, l’observation et le jeu, les interactions sociales, faire appel aux cinq sens, etc.

« Tiers-lieu » (Ray Oldenburg, 1989) entre la maison et le périmètre de l’école, les parcours à travers le quartier devraient favoriser une expérience autonome et informelle. Sur le chemin de l’école, les enfants ont besoin non seulement d’un environnement confortable et sûr, mais aussi convivial et stimulant. Les environnements proches du logement, et notamment le pied des immeubles, sont aussi un espace privilégié pour les enfants et doivent être planifiés à cet effet.

Les enfants comme indicateurs de la qualité d’une ville

Donner de la place aux enfants dans la ville doit se faire en repensant le partage de l’espace public et en concevant la ville à l’échelle des piéton·nes : en valorisant la lenteur et la proximité, en permettant la rencontre et le jeu, en aménageant des rues vivantes et en impliquant activement les habitant·es dans les projets. Comme le souligne Francesco Tonucci (auteur de La ville des enfants), la présence des enfants dans l’espace public est un indicateur de la qualité d’une ville. Une ville aménagée pour les enfants bénéficie en effet à l’ensemble de la population. Or si l’urbanisme est un des leviers pour (re)donner de la place aux enfants, cette question touche également de nombreux services dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la mobilité, de la sociologie, etc. Sans oublier évidemment les parents qui doivent retrouver la confiance pour permettre à leurs enfants de découvrir leur environnement de manière autonome. La réflexion reste entière sur les moyens d’y parvenir. Ce qui est sûr, c’est que des villes, quartiers, rues aménagées à l’échelle des piétons constituent un puissant levier pour permettre aux enfants de retrouver le droit de cité.

Chemin de l’école : Plus qu’un trajet, un apprentissage de vie

Les enfants doivent pouvoir se rendre à l’école à pied, seuls et en sécurité. Chaque accident en est un de trop. Nous intervenons en ce sens auprès des communes et professionnels et du grand public. Aidez-nous à ce que chaque enfant puisse se rendre à son école à pied.

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