Espaces publics pour la marche – Résumé et documentation

Comment réussir les transitions public-privé

Lors de la journée d’étude de Mobilité piétonne Suisse, plus d’une centaine de spécialistes issus de la planification, de l’architecture, du domaine socioculturel, de la politique et de la science ont discuté des opportunités et des défis des espaces publics à l’interface entre la propriété foncière publique et privée. Les exposés, la table ronde et les ateliers ont montré qu’en plus d’un langage commun, d’une direction partagée et d’objectifs clairs, il faut une grande disposition à évoluer les uns vers les autres. 

Une bonne centaine de personnes venues de toutes les régions de Suisse se sont rassemblés le 23 novembre au théâtre municipal de Langenthal pour échanger sur les opportunités et des défis des espaces publics au carrefour des biens fonciers publics et privés. Organisée chaque année par l’association professionnelle Mobilité piétonne Suisse et l’Office fédéral des routes (OFROU), la journée d’étude a attiré des urbanistes, des ingénieur·e·s et des lobbyistes ainsi que des chercheurs et chercheuses qui voient dans la marche, bien plus qu’un simple moyen de locomotion, un droit fondamental au potentiel social, sanitaire et écologique important.

Impliquer progressivement les acteurs privés et publics

Reto Müller, maire de Langenthal, a ouvert la journée en rappelant les problèmes «dans la moyenne» de sa ville en matière d’aménagement des espaces publics. M. Müller a ainsi évoqué, non sans espièglerie, l’idée selon laquelle, même si tout le monde est confronté aux mêmes problèmes, chaque commune doit trouver son propre chemin pour aménager des espaces publics conviviaux.

Il n’existe certes pas de recette miracle pour réussir de bons espaces publics à l’interface entre le public et le privé, mais il existe des récits qui inspirent et donnent du courage. C’est d’ailleurs le bilan que tire la publication de cette année, qui a été élaborée pour la journée d’étude et présentée à l’occasion de cette dernière. Elle rassemble des témoignages de personnes qui racontent comment elles sont parvenues à réaffecter des aménagements existants malgré les résistances et à en faire des espaces sûrs et attrayants à pied.

 

Documentation de la journée (ZIP)

La réalisation d’espaces conviviaux nécessite une volonté politique

L’un de ces témoignages est celui de l’urbaniste Barbara Meyer, qui a retracé les principales étapes du développement urbain vers l’intérieur du milieu bâti de la ville de Schlieren lors d’un tour d’horizon instructif. Madame Meyer a évoqué la difficulté de déplacer une route cantonale, la nécessité de donner un centre à la ville de Schlieren et le fait que la réorganisation des espaces publics nécessite la participation de la population. Elle est convaincue que les espaces accueillants ne peuvent pas être légitimés par les calculs, mais qu’ils doivent au contraire découler d’une volonté politique. En conséquence, la planification ne devrait plus se baser sur la demande de voies supplémentaires pour le trafic motorisé, comme c’était le cas jusqu’à présent, mais créer une offre qui tienne compte des besoins en matière de mobilité et de séjour de l’ensemble de la population.

Anna Nikolaeva, chercheuse en mobilité et en urbanisme, qui est intervenue durant la journée en vidéo depuis Amsterdam, a argué dans son exposé que l’aménagement des espaces publics est toujours une question de perspective. Si les gens ne se demandaient pas seulement comment ils veulent se déplacer, mais aussi comment leurs préférences en matière de mobilité influencent autrui, l’espace public pourrait véritablement devenir un bien public source de liens entre ces gens.

L’interaction entre les secteurs public et privé est nécessaire et importante

Lors de la table ronde, au cours de laquelle un large éventail de représentantes et représentants des secteurs de l’architecture, de la planification, de la psychologie et de l’économie ont discuté des défis des processus de planification à long terme, il s’est avéré qu’un langage commun, des images claires et des objectifs aussi concrets que possible facilitent la négociation et la compréhension entre les différentes parties. L’architecte et urbaniste de longue date Lorenzo Custer a parfaitement résumé la relation dialectique entre espace privé et espace public par son mot d’ordre: «Pas d’espace public sans espace privé. Pas d’espace privé sans espace public.»

Apprendre à utiliser la rue de manière plus conviviale

L’idée d’aménager la ville le principe du «vivre ensemble» plutôt que du «chacun pour soi» s’est également illustrée lors du walkshop dans la petite ville de Langenthal. Par des températures hivernales, Sabine Gresch, Leyla Erol et Pierre Masson, des services d’urbanisme et des ponts et chaussées de Langenthal, ont fait visiter la zone de rencontre entre la Marktgasse, la Jurastrasse et la Käsereistrasse. Les piétons y ont la priorité légale sur les voitures et les vélos. Sur place, il s’est toutefois avéré que la Jurastrasse, encore très clairement identifiable comme un espace dédié au trafic motorisé, attend encore sa réaffectation en tant que véritable espace de rencontre d’égal à égal entre les modes. Les trottoirs surélevés de la Bahnhofstrasse ont également montré de manière exemplaire que les infrastructures ne s’adaptent pas facilement à l’évolution des besoins et des exigences.  Construits à une époque où Langenthal était régulièrement ravagée par des crues, ils constituent aujourd’hui des monuments historiques qui limitent les possibilités de réorganisation des rues.

Création progressive et commune d’espaces publics

Après une brève pause durant laquelle le groupe a pu échanger et se réchauffer, celui-ci a discuté durant l’après-midi, dans le cadre de cinq ateliers, des détails techniques, juridiques, participatifs et politiques de projets réussis à l’interface entre les biens fonciers publics et privés. Il s’est avéré clairement que les espaces publics s’étendant au-delà des limites des parcelles privées et publiques ne sont pas créés en premier lieu à la table des négociations, mais dans le cadre d’un processus de rapprochement progressif et souvent lent.

Communiqué de presse Mobilité piétonne Suisse 25.11.2021
Journée d’étude annuelle du 23 novembre 2021, Langenthal

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